Let’s Get Lost
October 31 – December 19, 2020
Art Mûr, Montreal, Canada
(exhibition texts follow)
Text by Andrea Valentine-Lewis
Trevor Kiernander’s works are the result of an evolving experimentation in deconstructing the traditions of painting; much like mixing and mastering music, his process considers notions of cutting, pasting, sampling, and the rhythmic relationships between colour and form. For example, his new work, Untitled, demonstrates the contradictory nature of these new compositions: on the left side of the canvas, he has rendered what looks to be capillaries or tiny fingers that bleed upward only to be cut short by a clean and methodical blue gradient; and within this same canvas, he uses various opacities and painterly techniques resulting in translucent washes of colour interrupted by inky black fields. Kiernander is a master of balance and harmony in the way he can combine disjointed components into an intelligible and satisfying whole.
The title of the exhibition, Let’s Get Lost, does not simply suggest an involuntary shift towards a grave uncertainty; for Kiernander, it also implies a self-motivated attempt to break free from constraints and move towards a sensational unknown. In this exhibition, Kiernander mirrors these multiple meanings of “getting lost” by presenting his work in an entirely new way where his paintings – for the first time – become a form of sculptural architecture within space. Taking inspiration from the Bauhaus Stage workshop of the 1920s, Kiernander is interested in the performative expressions that originated from the German academy that was renowned for architecture and design; the Bauhaus school’s desire to understand the relationship between the human body and space resulted in an ongoing project that combined theatricality, mathematics, and movement together with foundational Bauhaus convictions. Let’s Get Lost builds upon these principles by extending planar paintings into the three-dimensional realm and shifting the ordinarily-cubic gallery into something entirely new – a sort of performance space. Kiernander refers to these sculptural interrogations as “hiccups,” insinuating a literal wave, or a vibration across the picture plane.
Like his painting compositions that harmoniously combine disjointed components into a consumable whole, Kiernander sees Let’s Get Lost as its own environment composed of various works, inviting the body to navigate around and through space. In this exhibition, Kiernander expands his recent practice of painting on irregularly-shaped canvases, and this shift away from exclusively quadrilaterally-bound compositions, enforces his desire to circumvent and challenge what painting actually means. More than ever, Kiernander’s new works reflect his ongoing desire to investigate our relationship to space. Let’s Get Lost suggests asking questions like: do backgrounds and foregrounds exist IRL (in real life)? Can freedom and movement actually exist within the picture place? Can architectural design evoke play?
Texte de Mylène Lachance Paquin
Pour élaborer le concept immersif de Let’s Get Lost, Trevor Kiernander s’est inspiré des particularités architecturales de la Galerie d’art d’Outremont où il a présenté Are We Here? (2019). Ici, l’artiste nous transporte dans un univers qu’il a entièrement investi en faisant sienne la salle d’exposition. Ingénieux, Kiernander a traité comme un tout ce lieu et le corpus d’œuvres qu’il a créé en intégrant des cloisons arrondies à l’espace, ce qui a eu pour effet d’en modifier l’angularité initiale. À l’image de la structure complexe d’une mélodie jazz, l’exposition est fondamentalement organique. A light. A globe over the horizon renforce ladite dimension organique puisque les formes, les figures et les traits qui y sont déployés se poursuivent à travers les neuf toiles qui la composent. Ceci produit l’effet de contempler une rythmique visuelle fluide et continue.
Bien que les relations entre les objets, les formes et l’espace demeurent au centre des préoccupations plastiques et esthétiques de Kiernander, Let’s Get Lost marque un changement de paradigme dans la pratique de l’artiste à travers sa thématique globale. En effet, si antérieurement les expositions de Kiernander abordaient principalement les thèmes de la maison, de l’environnement qui nous entoure et de l’espace dans lequel on se trouve, la présente exposition nous invite à quitter ce lieu. Loin de la rigidité dans laquelle nous vivons depuis des mois, la fuite proposée ici se reflète notamment à travers le choix qu’a fait l’artiste de peindre plusieurs œuvres sur toiles rondes. N’étant pas constitué de lignes droites qui se rencontrent en formant des angles, le cercle n’est pas soumis à un sens de contemplation prescrit communément comme l’est le carré et le rectangle. De ce fait, les réalisations d’œuvres circulaires ont été des lieux de création où la rotation des toiles et la force gravitationnelle sont entrées en relation fréquemment, alors que Kiernander les a fait pivoter en les peignant directement au mur.
Les couleurs que l’on retrouve dans Let’s Get Lost se situent dans une palette chromatique qui est en harmonie avec l’ensemble de la production de Kiernander depuis son retour de Londres. Celles-ci sont organisées de manière à créer deux univers chromatiques distincts. D’une part, certaines sont chaudes et enveloppantes. Elles captivent le regard qui circule en contemplant, entre autres, les jaunes dorés, les rouges très pigmentés et bleus vibrants. Alors qu’une aura flamboyante émane de ces œuvres, d’autres tableaux nous catapultent dans des zones d’ombre. C’est notamment le cas de Rakka, une toile surdimensionnée aux tons gris feutrés, denses et profonds. Ainsi, l’exposition nous amène à nous perdre dans une impression d’un géant clair-obscur.